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29 novembre 2017 3 29 /11 /novembre /2017 15:55

Il part enfin à Tahiti,fuyant la civilisation et pour lui préférer la barbarie ainsi que la franchise des indigènes de 1890 à 1893.Il fixe dans ses nouveaux tableaux la beauté indolente des indigènes Il s'invente en barbare et compose de très beaux ensembles décoratifs où formes et couleurs sont seulement pour donner à penser pour suggérer pour inviter les autres à comprendre cette nouvelle culture qu'il découvre.

"Je vous salue Marie" ou" La Orana Maria "date de 1891, aujourd'hui au" Metropolitan Museum "de New-York.dans les mers du sud comme en Bretagne Gauguin va peindre des tableaux religieux au vrai sens du terme.Il était loin de l'être, c'était un mystique sans plus, un disciple de Rousseau, voyant l'homme bon par nature quand il n'est pas corrompu par la société.Il croit aux valeurs universelles de l'humanité et c'est dans cet état d'esprit qu'il peint cette adoration des mages devant marie en imaginant comment les tahitiens pouvaient la concevoir.Il y a une tonalité éclatante des personnages ce qui les met en relief, tout en les faisant participer à la scène;Il y a aussi un équilibre des verticales des arbres et des figures sur les bandes horizontales du sol.Cette peinture est si harmonieuse qu'elle semble banale.Tout est bien construit, les détails nourrissent la scène.

Pour Gauguin , son art est toujours l'essentiel de sa vie.Là dans les îles, il travaille sans cesse et l'éclat des couleurs tropicales le pousse à accentuer ses harmonies chromatiques .Ainsi dans ce" paysage ci-dessous tahitien" de 1891, il montre combien la nouveauté de tout ce qui l'entoure le touche au plus haut point.En particulier un silence inhabituel et un sentiment d'éternité bien différent de l'activité de la lutte et de la fébrilité de la vie européenne" je sens tout cela m'envahir, écrit-il à sa femme, je me repose extraordinairement bien en ce moment".

Dans" femmes de Tahiti" de 1891 aussi au musée d'Orsay aujourd'hui, il affirme la part musicale que prendra selon lui, désormais la couleur dans la peinture moderne. Une question se pose

:Comment combiner des formes solides et un dessin en aplat, sans nuance?Une autre trouvaille de Gauguin en utilisant une vue plongeante.Celle-ci raccourcit les personnages et élimine l'horizon de manière à ramener le second plan vers l'avant.De larges surfaces colorées réunis par un contour vigoureux se chevauchent et forment une composition abstraite.

La pose de la femme de droite trouve vraisemblablement son origine dans le tableau célèbre de Delacroix " Les Femmes d'Alger", il ajoute à cette pose la posture complémentaire de gauche Teha amana, la très jeune vahiné de Gauguin,fut probablement le modèle des deux figures de la composition.Harcelé par le manque d'argent, épuisé, Gauguin va faire un séjour à Paris de 1893 à 1897 pour vendre quelques oeuvres,Il n'aura que des déboires et des illusions.Il a même un grave accident suite à une bagarre qui l'handicapera jusqu'à la fin de sa vie .Convaincu de plus en plus que sa vie est en Océanie, il décide de s'y installer définitivement:"Libre et tranquille sans le souci du lendemain et sans l'éternelle lutte contre les imbéciles écrit-il.Ilrêve hélas d'un monde qui n'existe pas d'un paradis qu'il va idéaliser,, faute de l'avoir trouvé;

"Tout se passe dans ma folle imagination"

Fait important à ce moment là de sa vie, il regarde en lui-même, imagine son sujet, son esthétique "Ils se trouvent dans son cerveau" dit-il, il est un abstrait, un avant-gardiste qui tente de synthétiser, les apports de la mémoire et de l'imagination, d'exprimer par la couleur et la forme

Son idéologie nébuleuse, mystérieuse et primitive  

 

 

 

" Tout se passe dans ma folle imagination" écrit Gauguin
" Tout se passe dans ma folle imagination" écrit Gauguin
" Tout se passe dans ma folle imagination" écrit Gauguin
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25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 16:53

En 1889; Paul Gauguin de retour d'Arles, se sent à l'apogée de son style, il donne raison d'une certaine façon aux théories de Maurice Denis,peintre Nabi ( nabi signifiant en hébreu prophète): " Le tableau avant d'être une femme nue, un cheval de bataille ou une quelconque anecdote est essentiellement une surface plane, couverte de couleurs en un certaine ordre assemblées ", c'est direct, et ça lui plait.En 1889, une exposition est organisée au café" Volpini" à Paris, dans le cadre de l'Exposition Universelle.Elle va faire de lui, le chef de file d'une nouvelle génération de peintres, les fameux Nabis, ceux qui veulent régénérer la peinture par le seul emploi de la couleur;C'est un mouvement étroitement lié au symbolisme littéraire.

Regardez ce tableau ci-dessous:" le Christ jaune",un des tableaux les plus célèbres de Gauguin de cette époque, c'est à dire du premier style.Ce tableau est le symbole immédiatement perceptible d'une foi religieuse et naïve.Une verticale frappe, elle est même accentuée, celle du crucifix, avec la barre horizontale qui la termine..La simplicité des formes, la couleur rehaussée, gaie mais froide, expriment une certaine sévérité du paysage breton.Le champ contrebalance cette sévérité en exposant des harmonies de vert, d'ocre et de jaune.L'épaisseur des contours doit suggérer... Tout.

Il écrira " les larmes d'un enfant sont quelque chose aussi et cependant c'est bien peu savant, quoi de plus simple qu'un enfant et pourtant tellement riche".En simplifiant, Gauguin souhaite idéaliser les êtres, l'art et l'humanité elle même afin d'en donner une image Totale.Il reproduit le monde idéal  qu'il porte en lui .Il régénère d'une certaine façon la peinture, après le Nabisme ,le fauvisme qui assimilera la couleur à l'absolu, au calme ou plutôt à la sérénité artistique.Matisse en sera un bon représentant.Voyez ce que Gauguin a pu engendrer comme vision esthétique , à cette époque....

C'était révolutionnaire.

Et quand il s'embarque en 1891 pour l'Océanie, il peut dire:" la première partie de mon programme a porté ses fruits, aujourd'hui en peinture, vous pouvez tout oser et qui plus est personne, ne s'en étonne"

En 1891,il avait raison, visionnaire en quelque sorte, il libère l'Art moderne, en révélant la voie ouverte, il faut bien le rappeler quand même par Paul Cézanne "Notre maître à tous"

le monde idéal selon Paul gauguin
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23 novembre 2017 4 23 /11 /novembre /2017 17:00

Le séjour de deux mois que Gauguin fait à Arles; à la fin de l'année 1888, fut riche en émotion comme vous le savez.Malgré cela et malgré l'intensité de ses rapports avec Van Gogh qui resteront gravés en lui jusqu'à sa mort.Ce séjour ne le détournera que très peu du but qu'il s'était fixé.Après, comme avant, il continuera sa recherche, celle, basée sur une synthèse d'une forme d'une couleur, ne considérant que la dominante, pour suggérer, exprimer. ses émotions

.En Arles, dans la fameuse maison jaune, les deux hommes, l'un volcan, l'autre bouillant à l'intérieur, vivaient proches l'un de l'autre, peignaient beaucoup et discutaient aussi beaucoup.Leurs points de vue différaient sur les peintres en général et sur la peinture.C'est d'eux-mêmes qu'ils parlaient.

Gauguin avait bien essayé d'entraîner son ami à fonder un atelier des tropiques en Océanie avant son départ à Arles mais Van Gogh avait préféré aller dans le sud de la France, pensant avoir trouvé son orient, comme il le disait, son Japon.

Curieusement ils eurent très peu d'influences l'un sur l'autre; l'un Van Gogh aimait représenter les passions humaines et des formes modelées, comme J.François Millet et ce qu'il faisait bien car sa pâte était dense et son dessin expressif.Gauguin lui était partisan d'une analyse objective des surfaces planes et des formes dessinées, sa pâte étant plus légère.Il disait de son ami Vincent:

"Oh! oui il est romantique et moi je suis porté  à un état plus primitif.Du point de vue de la couleur, il voit les hasards de la pâte et moi je déteste le tripotage de la facture".Dans ce paysage près d'Arles, si Gauguin a vu le midi de la France avec d'autres yeux que les siens, ce fût plutôt à travers ceux de Cézanne que ceux de Van Gogh.

L'esthétique de Cézanne se retrouve ici dans ce paysage près d'Arles "les Alyscamps" dans la construction cubiste en verticales et horizontales, dans le raccourci des murs et des maisons dans la couleur des surfaces plâtreuses qui reflètent la lumière environnante.Certaines teintes plus acides montrent bien qu'il peignait à côté d'un certain Van Gogh.qu'il aimait.

En Arles, Gauguin rêve de repartir déjà pour la Bretagne et laisse sans trop de scrupules Van Gogh s'enfoncer davantage dans sa solitude sachant qu'il ne peut pas faire grand chose pour lui

.Gauguin a d'autres chats à fouetter, il a besoin de satisfaire encore son désir d'inconnu où il espère se sentir fort et sûr de son art.

 Sa quête ne fait que continuer et.en 1889, il repart donc pour Pont-Aven et le Pouldu; à l'auberge de marie Henri :"J'aime la Bretagne écrit-il à son ami Schuggenecker qui l'aida financièrement à maintes reprises, je trouve ici, l'état sauvage et primitif, quand mes sabots retombent sur le sol de granit, j'entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture"

Deux âmes, deux chaises....l'absence
Deux âmes, deux chaises....l'absence
Deux âmes, deux chaises....l'absence
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21 novembre 2017 2 21 /11 /novembre /2017 09:48

Dans un des articles du hors série de Telerama; consacré à Paul Gauguin, Pierre Wat, romancier et historien de l'Art à L'université de Paris-Panthéon-Sorbonne nous livre un magnifique testament imaginaire construit sur de vrais souvenirs, des anecdotes et d'authentiques emportements de Gauguin, destinés, à sa fille "Tikaomata"" une sauvage elle aussi, afin qu'elle comprenne ce père qu'elle n'a pas connu".

.Avant d'entamer ce huitième billet racontant le chemin artistique de ce peintre pas comme les autres, d'ailleurs,chacun d'entre eux n'est jamais comme l'autre.J'ai retenu plusieurs choses dans ce testament;Les propos de Gauguin très durs, voire insultants,sur le grand maître et théoricien du Nabisme.Et son affection profonde pour Vincent Van Gogh qui m'a beaucoup touchée.Je voulais partager avec vous quelques lignes de ce texte.

" Cette façon qu'avait Emile Bernard  de vouloir me sédentariser, m'enfermer dans un mouvement, me reprochant de vouloir revendiquer la paternité du groupe de Pont Aven, c'est insupportable..." j'ai rencontré durant mon existence bien des merdeux.Mais pas un comme le petit Bernard:partout où vous allez, vous êtes sûr de mettre votre pied dans une de ses ordures, il chie dans tous les coins.Alors je me suis tiré à Arles avec Vincent, ce qui n'était pas une fameuse idée"

Sur Van Gogh, voici quelques extraits:

" Van Gogh m'attendait avec une telle Impatience, il voulait qu'on crée une sorte de Pont aven du Sud, nous allions fonder un atelier et j'en serais le Directeur.Il disait qu' à deux on serait plus forts pour soutenir le siège de l'insuccès.Vincent m'aimait.Quand je suis arrivé, il m'a annoncé avec une grande fébrilité qu'il m'avait préparé la plus jolie pièce d'en haut....Il l'avait peinte en jaune, du même jaune des tournesols qu'il aimait tant.J'ai fait un portrait de lui noyé dans ce jaune, en train de peindre ces fleurs.Il a trouvé qu'il avait l'air d'un fou ....On vivait à la manière d'un couple d'un vieux couple qui noie ses amours décomposées dans l'absinthe.je cuisinais, il faisait les courses, je rangeais, il mettait du désordre.Il ne cessait de me dire qu'il aimait ma peinture...à lire la suite sur la revue ...

..Il termine ce texte ainsi: Depuis Arles, partout où je suis passé, j'ai planté des tournesols, comme un souvenir de Vincent.J'en ai même fait pousser ici, à côté de la maison aux Marquises.Soleil et humidité  ça leur convient mieux qu'à ma pauvre jambe.Quand je les regarde je pense à Vincent.ça lui plairait les marquises, c'est sûr : un endroit primitif, où l'argent serait enfin aboli, afin qu'on puisse s'adonner à l'Art, exclusivement.C'est lui qui m'avait mis cette idée dans la tête:

Créer un atelier des tropiques.

J'ai accompli son rêve mais pour cela il me fallait être seul.Ce qui lui semblait devoir être un paradis n'a été qu'un cauchemar sans répit"

Je n'irais pas plus loin aujourd'hui sur son séjour en Arles , le prochain billet s'attardera par contre sur les moments très forts de cette rencontre artistique, entre deux hommes qui se sont aimés toute leur vie.Deux toiles:

Portrait de Vincent par Gauguin,1888, Musée d'Orsay

"les Alyscamps",1888, Musée d'Orsay, peints à côté de Vincent pendant son séjour

Episode d'Arles ou le Pont-Aven du Sud, dixit Pierre Wat
Episode d'Arles ou le Pont-Aven du Sud, dixit Pierre Wat
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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 15:53

Nous voilà en 1887.

Paul Gauguin revient, après un premier séjour en Bretagne, à Paris, toujours sans le sou.C'est alors qu'il conçoit le projet de se rendre avec son ami peintre, lui aussi, Laval, à Panama.Il a cet amour du primitif et de l'exotisme qui lui vient de son" Inca" comme il le dit lui- même mais sans chercher si loin, une tradition bien enracinée depuis Paul et Virginie, l'incitait à croire qu'aux extrémités de l'arc en ciel, il n'aurait pas à se soucier de gagner de l'argent!, il rêve et espère sur place, l'aide de son beau-frère, établi là-bas.Il écrit à sa femme " je m'en vais à Panama pour vivre en sauvage, j'emporte mes couleurs et mes pinceaux et je me retremperai dans la nature loin des hommes"

A peine arrivés, très froidement reçus par le beau frère et devant les progrès désordonnés et dégradant de la civilisation et du mercantilisme en Colombie,ils sont contraints de partir pour la Martinique, cependant sur place ,ils peignent tout de même avec ferveur, cela donne pour Gauguin, ce fameux "paysage Martiniquais" de 1887, aujourd'hui à Edimbourg,National Gallery.

Dans ce magnifique paysage, il lui semble découvrir la paradis et nous aussi.Cela correspond à sa conception de la vie simple, inviolée par la civilisation.Il donne libre cours à ses idées sur la couleur, ce qui lui fait dire" je ne suis pas ridicule car je suis deux choses qui ne peuvent être ridicules: un enfant et un sauvage".La merveilleuse lumière de l'île fait comprendre à l'artiste que ses recherches sur la couleur sont révélées

.Il doit renoncer désormais à l'impressionnisme et essayer de traduire au moyen de couleurs plus vives et plus nettes, la volupté que les spectacles tropicaux provoquent en lui.Il donne libre cours à son sens de la décoration en traitant ce paysage comme une tapisserie.les volumes des arbres aux ombres vertes sont à peine modelés et sont réduits à de simples surfaces se chevauchant entre elles!.

Les toiles que Gauguin rapporte à Paris vont bouleverser le généreux et sensible Van Gogh, alors chez son frère Théo, marchand de tableau.Ce dernier réussit à lui en vendre 3.Cet amélioration matérielle le console un peu.Cependant quand sa femme lui demande de revenir avec elle et ses enfants à Copenhague; il refuse.Il lui rétorque qu'il est en pleine marche vers la réalisation de son idéal artistique.Comment peut-il être question alors de s'installer comme un bourgeois!" Il y a deux natures en moi", répond-il à cette demande:

L'indien et la sensitive

.Il entend par sensitive, la sensibilité accordée aux valeurs morales de la civilisation occidentale.La sensitive a disparu ce qui permet à l'indien de marcher tout droit et fermement vers son but.Il le répétera souvent "il a quelque chose à dire en Art" même si personne à part lui ne peut comprendre ce geste cruel d'abandon de sa famille.

Quand il revient de Martinique, il retourne pour la seconde fois à Pont-Aven en Bretagne, toujours à la pension Gloanec et travaille avec un groupe de peintres dont P.Serusier, M.Denis,E.Bernard.Ils vont créer ensemble "le Nabisme" pour régénérer la peinture.

Il avait déjà rencontré ce dernier devenu le théoricien du cloisonisme que Gauguin va adapter à son génie et réussir à se l'approprier.Il adaptera de la même façon, l'art japonais adoré par son ami Van Gogh lors de son séjour en Arles que nous évoquerons bientôt.

Voyez ce tableau audacieux, étonnant "La lutte de Jacob avec l'ange" en 1888.Un tableau religieux, conçu et exécuté avec la foi d'un converti à un nouveau credo artistique;En fait il s'est imaginé la vision qu''un sermon dominical provoquerait sur des âmes paysannes.bretonnes, profondément et simplement croyantes avec, au premier plan, les paysannes et au second le combat.Ce sont des symboliques et minuscules figures sur une grande étendue rouge et un champ: le ciel.Chaque chose est peinte en masse colorée, séparée par des contours nettement dessinés.

Pour la première fois Gauguin donne à la composition une unité vibrante, partout un contour courbe et rythmé.

Les sources de cette toile sont nombreuses.La diagonale du tronc d'arbre, la perspective verticale ainsi que les contours suggèrent l'art des graveurs japonais comme Hokusaï .Les couleurs, les contours plats s'apparentent aux vitraux médiévaux et aux images d'Epinal.

Tous les deux consacrés à des sujets religieux.Toutes ces sources ont été mises au service de sa nouvelle conception artistique.Il écrit de Pont-Aven à sa femme" j'ai cette année tout sacrifié, l'exécution, la couleur, pour le style, voulant m'imposer autre chose que ce que je sais faire."A propos de cette toile, il écrit à Van Gogh" avoir atteint dans ces figures une grande simplicité rustique et superstitieuse, tout est sévère".

De même dans"Nature morte aux petits chiens",1888 au musée d'art moderne à New-York.Les ombres largement aplaties sont délimitées par un dessin précis."Regardez les japonais qui dessinent admirablement bien, vous verrez la vie en plein air et au soleil sans ombres" dit Gauguin.A cette époque, le peintre parle volontiers" d'Abstraction", terme très avancé sur son temps
Dans ce tableau aux petits chiens en plus de l'humour et de l'atmosphère, on pense voir Matisse avec "la desserte rouge" datant de bien plus tard,1894 où le décor participe à l'unité picturale, il y a une profusion d'objets bien pris dans un espace sans surprise, où la couleur a le pouvoir d'imposer un climat précis.Chaque chose a sa place décidée par le peintre, il y a un vrai respect du plan pictural, cher aux cubistes et aux post-cubistes, quelques années plus tard.

Gauguin les aura devancés.

"Je ne suis pas ridicule car je suis deux choses qui ne peuvent être ridicules, un enfant et un sauvage" Gauguin
"Je ne suis pas ridicule car je suis deux choses qui ne peuvent être ridicules, un enfant et un sauvage" Gauguin
"Je ne suis pas ridicule car je suis deux choses qui ne peuvent être ridicules, un enfant et un sauvage" Gauguin
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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 13:12

En 1886, Paul Gauguin regagne Paris laissant à Copenhague femme et enfants, il a de multiples projets dans la tête promettant qu'il reviendrait vers eux dès que possible.Pourtant quand les uns après les autres, ses plans s'effondrent, il s'exclame" encore une chose qui m'échappe";Camille Pissarro, son ami de toujours le traitait de naïf, de crédule ne croyant qu'à son art.La moindre promesse d'achats était déjà une certitude, il s'emballait très vite, comme on dit maintenant.Des suggestions émises fortuitement au cours de conversations, dictaient ses actes et quand cela ne marchait pas ,il reprochait aux autres ce pourquoi il était le seul à blâmer;Impulsif, fonceur," il avait" selon cet autre ami fidèle Ch.Morice" la légitime férocité d'un égoisme productif".

Il exerce plusieurs petits métiers pour subsister et produit ,19 toiles sont envoyées à la dernière exposition des impressionnistes sans obtenir le succès qu'il espérait dont une toile très interessante" Nature morte au profil de laval" de 1886.Laval était un ami du peintre.On y voit l'influence de Cézanne car le tableau est construit en masses colorées mais aussi celle de l'estampe japonaise par l'introduction d'un portrait dans un angle comme découpé créant un effet décoratif.En 1886, il décide aussi  de partir en Bretagne, cette région lui plait et lui va bien pour réfléchir sur son art.C'est là aussi qu'il fait la connaissance d'un jeune peintre Emile Bernard, intéressé comme lui par le phénomène de la couleur.A son contact les idées qu'il avait en lui de révèlent, prennent forme.

Celle-là en particulier," donner une forme aux idées, vêtir l'idée en quelque sorte, c'est la définition du symbolisme ou du synthétisme.Il faut suggérer plutôt que représenter pour une plus grande force

.Comment faire pour mieux suggérer?En cernant les formes d'un fort contour, se détachant sur des fonds peints, avec des couleurs posées en aplat  comme des vitraux.Ce trait précis s'oppose bien-sûr volontairement à l'incertitude d'un contour flou préconisé par les impressionnistes.

Gauguin fait le grand pas, néglige volontairement le mouvement et le relief,les formes vont devenir plates et sans profondeur au profit d'un caractère monumental et décoratif.

Regardez" ce paysage breton".1886.La façon dont Gauguin traduit la tonalité  avec des coloris sourdes et mates, il est évident que cette tonalité est née de son imagination abstraite.On peut dire que ces propos: 

"un conseil, ne peignez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction " prennent toute son importance;"Tirez le de la nature bien-sûr mais en rêvant devant et pensez plus à la création qui en résultera qu'au modèle, c'est le seul moyen de monter vers dieu, en faisant comme notre divin maître:         Créer, créer

C'est vraiment en Bretagne, qu'il mûrit toutes ses idées personnelles sur l'art à Pont Aven plus exactement, il y reviendra une autre fois..

Dans le prochain billet, on regardera de plus près un des plus beaux tableaux de la période de Pont-aven ",la lutte de Jacob avec l'ange"1888 que vous pouvez voir ci-dessous ainsi que" des Bretonnes" aujourd'hui à Orsay.

 

"Je ne suis pas un peintre d'après nature disait" Gauguin
"Je ne suis pas un peintre d'après nature disait" Gauguin
"Je ne suis pas un peintre d'après nature disait" Gauguin
"Je ne suis pas un peintre d'après nature disait" Gauguin
"Je ne suis pas un peintre d'après nature disait" Gauguin
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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 17:45

Paul Gauguin a vraiment quelque chose à dire et à faire, personne ne pourra se mettre en travers de son chemin..celui-ci va justement se transformer......En 1882 un formidable krach éclate à la Bourse et  va  contraindre Gauguin à chercher d'autres moyens d'existence.En abandonnant son  emploi pour celui, oh! combien attendu de peintre, il n'a pas conscience des difficultés qu'il va rencontrer. Mais,il ne pense qu'à la peinture et est persuadé qu'il a une mission à accomplir dans ce domaine;

Dans" ce jardin sous la neige", 1883, peint justement au moment où il abandonna sa carrière d'homme d'affaires pour se consacrer à la peinture sans véritable formation, ni école,Gauguin a déjà assimilé l'impressionnisme et ses harmonies colorées, mais cette scène a quelque chose de différent  de celles des impressionnistes.Il y a comme un vide ambiant;Il, elle semble déserte, abandonnée, laissant présager une solitude future qu'il va devoir affronter.

En 1885 ,il peint ce pont de Dieppe et il part rejoindre sa femme réfugiée à Copenhague chez les siens mais là encore il accuse des vexations et des échecs.Ce qui ne l'empêche pas de travailler et de formuler ses idées sur l'Art et des idées précises.dans cette lettre à un ami, il écrit

"Les impressionnistes ont cherché autour de l'oeil et non au centre mystérieux de la pensée" et il ajoute" il est certain qu'il faut harmoniser nos perceptions et les faire correspondre à notre nature profonde, car elle seule doit faire l'objet du tableau"

"le créateur ne peut vivre sa peinture sans engagement total, ne faire d'un paysage ou d'une figure que la représentation de la pensée et de la sensibilité en la libérant des entraves du réalisme"

N'amorce t-il pas là une intuition géniale?

Tout simplement n'annonce t-il pas les développements futurs de l'art moderne vers la plastique et l'expression?"Nos cinq sens, écrit-i arrivent directement au cerveau, impressionnés par une infinité de choses, les lignes et les couleurs n'ont pas seulement le pouvoir de reproduire ce que nous voyons, elles détiennent un pouvoir émotif, qui peut communiquer au spectateur un état d'âme".

"Il ne s'agit plus de décrire mais de suggérer et de donner à la sensation, son équivalent abstrait"

A maintes reprises Gauguin répétera à qui veut l'entendre

" je ne suis pas un peintre d'après nature"

 

Enfin, la peinture seul objectif, la peinture totale
Enfin, la peinture seul objectif, la peinture totale
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14 novembre 2017 2 14 /11 /novembre /2017 10:34

Dans le dernier billet sur Gauguin, je vous parlais de ses origines qu'il revendiquait haut et fort;Il n'a que 7 ans quand il quitte Lima au Pérou avec sa mère et sa soeur, son père meurt sur le bateau les ramenant en France.Il y  vivait depuis 1851 et en garde un souvenir enchanté.Des tissus bariolés portés par les indiens et surtout les vases de céramique que sa mère avait ramené avec elle de Lima et que le jeune Gauguin a sous les yeux dans la maison de famille d'Orléans où ils sont venus s'installer au retour du Pérou.C'est là dans cette ville qu'il fait ses études au petit séminaire.De 1868 à 1871, il s'engage dans la marine nationale et passe 3 ans à parcourir les mers avant de retrouver à Paris son tuteur et ami de sa mère, Gustave Arosa, Collectionneur d'art et homme d'affaires financier, photographe aussi qui décide de faire l'éducation artistique de Gauguin.

C'est lui qui va le présenter à Camille Pissarro, peintre impressionniste qui l'encourage fortement à faire de la peinture.

Ce qu'il va faire à partir de 1873, il a alors 25 ans.En outre Arosa son protecteur lui procure un travail de remisier à la Bourse pour un agent de change.Profitant de la reprise des activités financières sur le marché européen après la guerre franco-allemande.Il va bien gagner sa vie et va même se constituer une intéressante Collection de toiles impressionnistes:Cézanne, Guillaumin, Pissarro.

En 1873, il épouse la riche bourgeoise danoise Mette Gad qui va lui donner 5 enfants... mais déjà à cette époque il connait une véritable passion pour l'Art, le mot n'est pas top fort qui ne le quittera plus.Il va peindre en plein air avec ses amis impressionnistes et le soir après le travail il va peindre à l'académie Colorossi

.Que se passe t-il alors?Juste que la peinture prend de plus en plus de place, voire même la seule place et que l'existence au quotidien devient infernale.En 1875, il peint cette toile très banale, cette grisaille parisienne" La seine au pont de Iena" , c'est une scène pourtant moderne dans ce sens qu'il se conforme aux principes impressionnistes, on y reconnait l'influence de Pissarro dans la linéarité, le traitement des arbres du ciel, de l'eau.

Ce qui est important pour lui c'est aussi qu'il soit présent dans le paysage actuel de la peinture qui évolue très vite.De 1879 à 1882, il participe aux différentes expositions des impressionnistes ce qui lui vaut l'intérêt de la critique et c'est ce qu'il cherche.

Cela lui donne des ailes!!!

Le romancier Huysman écrit à propos d'un de ses premiers nus " étude de nu ou Suzanne cousant de 1880 aujourd'hui à Copenhague " je ne crains pas d'affirmer que parmi les peintres contemporains qui ont travaillé le nu, aucun n'a  encore atteint une note aussi véhémente dans le réel et je n'excepte pas Mr Gustave Courbet".Notez dans ce nu ci-dessous le décor orientaliste le tapis et la mandoline mais rien encore ne laisse présager de son futur style, excepté une certaine force, une véhémence.Fougueux, véhément il l'est, mais chez Gauguin , ce naturalisme un peu visible sera de courte durée.

Progressivement il remet en question, les conceptions du groupe impressionniste qu'il côtoie et pense que loin de se borner à transcrire des impressions fugitives, fugaces, l'artiste doit aller plus loin et exprimer une vision totale du monde.Voilà ce qui mûrit dans son esprit, que veut-il dire, nous verrons dans le prochain billet qui va suivre....

Histoire d'une passion qui prend toute la place
Histoire d'une passion qui prend toute la place
Histoire d'une passion qui prend toute la place
Histoire d'une passion qui prend toute la place
Histoire d'une passion qui prend toute la place
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11 novembre 2017 6 11 /11 /novembre /2017 17:58

Paul Gauguin, fut en butte toute sa vie à des difficultés matérielles et esthétiques.Comme il en était la victime volontaire, il devint un symbole et cette image de l'artiste idéaliste, mal aimé, lui restera jusqu'au bout.Idéaliste, en vérité il l'est et déterminé à l'être, prêt à subir toutes les souffrances nécessaires à la réalisation de sa mission à laquelle il croit fermement très tôt et pour laquelle il va abandonner foyer, femme et enfants, quitter amis et patrie."L'autoportrait au christ jaune"-1894-Musée d'Orsay , montre son chemin de croix à venir.

Cette difficulté à vivre qu'il se dicta lui-même, cette insatisfaction perpétuelle, cette instabilité, Gauguin la doit aussi à ses origines, il le dit , il ajoute qu'il doit cultiver l'inculte, le sauvage qu'il sent en lui.Ses yeux le disent dans cet" autoportrait aux yeux clairs" -1885- Collection particulière, ci-dessous.

Né en juin 1848, dès son enfance, il mène une existence mouvementée, fréquemment coupée de voyages lointains qui sont déjà de véritables remontées aux sources de l'innocence et de liberté primitives.Il a aussi, c'est vrai des origines péruviennes par sa grand mère maternelle Flora Tristan, personnage extravagant et anticonformiste, une féministe avant l'heure.Il en est fier et dira que ses origines là justifient en lui la présence d'une nature sauvage, révoltée contre la civilisation occidentale et ses hypocrisies.

On ne sait pas toujours quelle place accordée au mystère de nos origines et sur l'influence qu'elles peuvent exercer sur notre inconscient.Gauguin accorde lui une grande place à tout ce mystère et le peindra mieux que quiconque dans beaucoup de ses tableaux.

N'est-ce pas le poète Stéphane Mallarmé qui écrira à propos de toiles tahitiennes de Gauguin et entre autres " Le cheval blanc-1898-Musée d'Orsay"

."Il est extraordinaire qu'on puisse mettre autant de mystère dans tant d'éclat"

 

Gauguin, L'Inca
Gauguin, L'Inca
Gauguin, L'Inca
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Published by fandart
10 novembre 2017 5 10 /11 /novembre /2017 11:52

Depuis quelques temps, j'avais envie d'écrire sur  cet immense artiste et surtout sur cette détermination unique à aller jusqu'au bout d''un rêve et pas n'importe lequel, un rêve d'Art.

Je n'ai pas vu l'exposition au Grand palais à Paris qui dure jusqu'au 22 janvier et qui s'appelle"Gauguin l'Alchimiste".Par contre je suis allée voir le film réalisé récemment sur sa période la plus créatrice, celle de Tahiti.Vincent Cassel interprète très bien ce rôle de peintre oublié, seul avec son art et présente quelques points communs avec Gauguin dont ce fameux nez busqué.

Ce film m'a confortée dans mon désir de raconter ce parcours artistique unique en son genre.

 

"Puisse venir le jour où j'irai m'enfuir dans les bois, sur une île d'Océanie, vivre là, d'extase, de calme et d'Art.".Voilà ce qu'écrivait Gauguin en 1883.Vous le voyez en photo et en peinture selon un autoportrait.Les deux documents directs et objectifs révèlent à la fois l'homme et l'artiste.

L'homme est typé, vigoureux, les yeux clairs, le nez busqué.

l'artiste se montre confiant, fier et assuré.Peint devant un miroir, en atelier, ce portrait est celui avant tout d'un artiste qui rêve d'Art, de paradis artistique.

Son paradis, il va le chercher partout, à Paris, à Pont-Aven en Bretagne, à Arles, à Papeete, peut-être parce qu'il ne le trouve pas en lui-même ou ne croit pas le trouver...mais croyez-moi son Art,l'expression de son Art va l'entrevoir et on va essayer nous aussi d'y pénétrer.

Comme son collègue et ami Vincent Van Gogh dont il fut si proche, tout au long de sa vie Gauguin eut cette volonté féroce, le mot n'est pas trop fort, de réaliser un idéal artistique .

Chez Van Gogh, cette volonté s'est manifestée comme vous le savez dans une fièvre de création dont l'intensité l'épuisa et le tua en 10 ans.

Chez Gauguin, elle se montre autrement dans son obstination irréductible qui dans le seul but de peindre, le conduira à fuir de Paris en Bretagne, de Bretagne à la Martinique, de la Martinique à Tahiti et enfin aux Marquises.

"Ah! oui vivre d'extase, de calme et d'Art", voilà un beau programme, un idéal qu'il sait sans doute impossible à atteindre mais que pourtant il va se dicter pour son parcours d'artiste qui commence vers 1880 et se termine en 1903, le 8 mai au petit matin.Ce qui est étrange chez cet homme déterminé c'est que cela va se traduire pendant toute cette période par une même blessure de mélancolie, la même tristesse sournoise, le même plomb dans l'âme:

La grisaille parisienne que vous voyez dans ce paysage de neige, les irisations bretonnes avec le portrait de la belle Angèle ont beau faire place aux formidables coulées de soleil de Tahiti avec ses cavaliers sur la plage.On dirait que tout ce rayonnement tropical admiré de nous tous aujourd'hui, toutes les couleurs empruntées aux oiseaux de paradis, n'ont fait que nourrir, épaissir,L'Ombre qu'elles étaient chargées d'expulser.

C'est Beau, c'est lumineux, c'est mystérieux et c'est tout l'Art de Gauguin

Les oeuvres ci-dessous:Autoportrait-1894-Musée d'Orsay,paysage de neige-1883-Musée d'Orsay,La belle Angèle-1889-Musée d'Orsay,Paysage de Tahiti-1892-Musée d'Orsay, le cheval blanc-1898-Musée d'Orsay

 

Gauguin ou la quête du paradis
Gauguin ou la quête du paradis
Gauguin ou la quête du paradis
Gauguin ou la quête du paradis
Gauguin ou la quête du paradis
Gauguin ou la quête du paradis
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