Je voulais faire un billet concernant les portraits de femmes peintes par ce grand peintre Il reste et restera comme un des plus grands parmi les grands comme Le Titien du XVIIème siècle finissant ou Renoir du XIX ème, des portraitistes féminins.Dans "paresse et Luxure" dit encore "le sommeil" de 1866,135 par 200 donc de grandes dimensions à Orsay aujourd'hui.dans l'atelier de la rue Hautefeuille, ce tableau a été commandé par l'ancien ambassadeur de Turquie à St Petersbourg, le même qui a commandé "l'origine du monde" un certain Khalil Bey.On peut le rapprocher des plus grans maîtres du Maniérisme.
Intitulé encore" les Amies ou Dormeuses" ce tableau mérite d'être compté parmi les chefs d'oeuvre de la peinture par sa richesse chromatique digne des anciens copiés au Louvre qu'il fréquentait assidûment.Le sujet aurait été choisi pour dénoncer la dépravation des moeurs sous le second empire.
Le modèle de la femme rousse "Jo la belle Irlandaise" exécuté en 1865 est aussi magnifique, cheveux flamboyants , couleur de résistance, s'admirant dans un miroir.
Autre tableau connu de femmes, " les Baigneuses" au Musée Fabre à Montpellier datant de 1853 exposé au salon de cette même année et qui a fait scandale quoique que l'artiste ait doté ici et pour cette occasion, le modèle d'une draperie voilant partiellement sa nudité.Peu apprécié pendant le salon, Delacroix se demandait dans son journal avec humour "comment cette grosse bourgeoise aux formes rebondies avait pu se baigner dans cette nappe d'eau! "Cette opulente campagnarde déplut aussi à Baudelaire, seul Proudhon émettait un avis favorable le préférant certainement aux odalisques d'Ingres.Il fut acquis par Le mécène Bruyas de Montpellier " Voilà l'Art libre, dit-il en le voyant, ce tableau m'appartient".
"La femme à la vague" mérite aussi qu'on s'y arrête aujourd'hui à New York au Metropolitan Museum of Art.Cette jeune femme aux seins pesants est comme une émanation symbolique de l'onde.Il est intéressant de noter que Courbet considéré comme l'apôtre d'un certain réalisme, qui n'a que mépris pour tous les produits de l'imagination religieuse et mystique, ne peut s'empêcher d'attribuer à cette femme une signification qui en transcende l'identité particulière, il y ajoute une valeur générale et surtout allégorique.Cette brune splendide représente les flots de la mer dont le mouvement ondulatoire est suggéré par les vagues .
On revient en arrière mais parmi les beaux portraits féminins qu'il ait exécuté, celui de" Juliette Courbet", 1844,dont une autre version vient d'être retrouvée et bientôt rapatriée dans sa région natale ,la Franche Comté, info tout juste sortie du journal "L'Est Républicain ", une souscription est lancée pour cette occasion (Via une amie qui suit mon blog, amie de longue date, Madeleine)..Le tableau cité précédemment a appartenu à Courbet jusqu'en 1909, qui en fit don à la ville de Paris.
Il s'agit de la plus jeune soeur du peintre, elle a posé à différentes reprises.Elle n'est pas mariée et a voué son existence à son frère et à son oeuvre.Elle est d'ailleurs devenue son exécutrice testamentaire.Elle avait 13 ans lors de ce tableau.Et on peut dire qu'en dépit de l'aversion professée par Courbet à l'encontre du peintre bourgeois J.D.Ingres, on perçoit une certaine influence de ce dernier dans cette oeuvre, ce qui est un bon signe , vu son talent de portraitiste . Son influence est sensible dans le soin et la précision des détails, dans l'attitude composée du modèle.
Autre beau portrait , il y en a tellement, c'est" la dame au chapeau noir "magnifique, 1853, Musée d'Orsay, Laure Borreau, femme d'une quarantaine d'années qui a été la maîtresse de Courbet pendant son séjour à Saintes où elle tenait avec son mari Jules un magasin de confection de tissu pour dames.
.Des trois derniers portraits, celui-ci est le plus réussi, véritable symphonie de noirs où Courbet se dégage de la tradition hollandaise et flamande avec une modernité et une audace qui ont décontenancé la critique du salon qui n'a guère apprécié les airs langoureux de cette femme .
