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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 17:25

"L'Art est une blessure qui devient lumière "André Verdet, écrits sur l'Art,1954,"la peinture et nous"

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Georges Braque, voici une première oeuvre présentée," la maison sur la colline" est de sa période  pré-cubiste, 1908/1909, à Bâle aujourd'hui, la deuxième plus tardive est une de celles que je préfère car elle signe sa fidélité au cubisme avec un reste de fauvisme, "Nature morte brune", 1932, couleur et forme, équilibre et harmonie réunis .

J'en ai aimé d'autres bien-sûr, d'ailleurs j'avoue que j'aurais aimé rester des heures devant certaines depuis si longtemps admirées, la visite d'une exposition est toujours trop courte et déchirante pour moi, comme pour les autres, je le suppose, quand on a la chance d'avoir devant ses yeux des toiles de cette importance, on a beaucoup de mal à les quitter!!       

Pourquoi choisir deux toiles comme cela arbitrairement alors que la retrospective présentée actuellement au Grand Palais à Paris compte 238 tableaux, gravures, sculptures et dessins? celles-là, montrent la jeunesse de cet artiste avec d'immenses découvertes et la maturité, la plénitude de Braque, peintre unique, qui a grandi autrement à l'ombre de ce grand arbre que fût Picasso son compagnon du cubisme, avec beaucoup d'intelligence et de cohérence. Je suis si admirative devant cette esthétique si maîtrisée, qu'elle restera un modèle pour moi .

Comme vous le savez, tous les deux: Picasso et Braque ont fait voler en éclats la perspective traditionnelle héritée de la Renaissance. Depuis toujours une question se posait aux peintres: Comment représenter la réalité?, franchissant une nouvelle étape, ces deux artistes vont remettre en question la façon habituelle de la représenter. Un objet ou un spectacle possédant un volume ou du relief, c'est à dire en trois dimensions. Braque et Picasso vont ensemble créer une nouvelle façon de les représenter mais aussi peindre l'espace non pas tel qu'on le voit mais tel qu'on le sait. Braque raconte ainsi son travail avec Picasso, on est en 1905:" on s'est dit des choses qui seraient incompréhensibles mais qui nous ont donné tant de forces comme la cordée en montagne". Dans la période pré- cubiste, Braque, influencé totalement par le travail de Cézanne son maître  montre ses recherches en volumétrie. En supprimant la perspective italienne, une notion nouvelle peut s'exprimer: celle de l'espace plein. Braque dit" dans dans la nature, il y a cet espace tactile, je dirais presque manuel"

.La perspective devient montante suggérée par des plans et des volumes qui s'organisent de bas vers le haut sans l'aide d'artifices, celui de la lumière en particulier, celle-ci devient neutre permettant une dissociation analytique des objets. Picasso et Braque se complètent et travaillent dans le même sens. Picasso plus lyrique, choisit des tons chauds(jaune et bruns), Braque préférant les tons froids et discrets( verts ocres et gris), ceci jusqu'en 1911. La couleur, Braque l'avait mise de côté si l'on peut dire depuis sa période fauve" il fallait bien créer un espace avant de le meubler", il y reviendra et finement, la deuxième toile le montre, tout en restant cubiste jusqu'au bout, fidèle à ses rencontres, sa quête et sa technique si perfectionniste où "la règle corrige (trop souvent peut-ëtre) l'émotion".     

 Pendant l'exposition , j'ai pris beaucoup de notes, car voyez-vous je dois bientôt faire une conférence sur l'influence de Cézanne sur la peinture d'Avant-Garde, en effet à partir de lui et du cubisme, la peinture en général va se libérer des rapports avec la réalité visible pour aller vers l'Abstraction.

      Je me devais de vous donner mes impressions d'historienne de l'art, dans mon petit coin du languedoc, après la visite de cette immense exposition parisienne, comme il y en a peu.Je suis si contente de l'avoir vue.

 

 

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 09:24

Pour ceux qui ne connaissent pas ce texte magnifique, je vous l'adresse en partage. Il s'agit de l'éloge écrit par le poète et écrivain Antonin Artaud sur Vincent Van Gogh, c'est un peu un cadeau de Noël à ma façon ou d'anniversaire," c'est très beau" tout simplement comme dirait Vincent, le peintre et l'homme des "mots". et des quelque 800 lettres adressées à sa famille et à ses amis, dont 600 à son frère Théo.

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" "Je ne connais pas un seul psychiâtre qui saurait scruter un visage d'homme avec une force aussi écrasante et en disséquer comme au tranchoir l'irréfragable psychologie.

L'oeil de van Gogh est d'un grand génie mais à la façon dont je le vois me disséquer moi-même, du fond de la toile où il a surgi, ce n'est plus le génie d'un peintre que je sens en ce moment vivre en lui, mais celui d'un certain philosophe par moi jamais rencontré dans la vie.

Seul peut-être avant lui, le malheureux Nietzche eut ce regard à déshabiller l'âme, à délivrer le corps et l'âme, à mettre à nu le corps de l'homme, hors des subterfuges de l'esprit. Le regard de Van Gogh est pendu, vissé, il est vitré derrière ses paupières rares, ses sourcils maigres et sans un pli..C'est un regard qui enfonce droit, il transperce dans cette figure taillée à la serpe comme un arbre bien équarri.

Mais Van Gogh a saisi le moment où la prunelle va verser dans le vide, où ce regard parti contre nous comme la bombe d'un météore, prend la couleur atone du vide et de l'inerte qui le remplit. Mieux qu'aucun psychiâtre au monde, c'est ainsi que Van Gogh a situé sa maladie.

Je perce, je reprends, j'inspecte, j'accroche, je descelle, ma vie morte ne recèle rien, et le néant surplus n'a jamais fait de mal à personne, ce qui me force à revenir au dedans, c'est cette absence désolante qui passe et me submerge par moments mais j'y vois clair, très clair, même le néant, je sais ce que c'est, et je pourrais dire ce qu'il y a dedans.

Et il avait raison Van Gogh, on peut vivre d'infini, il y a assez d'infini sur la terre et dans les sphères pour rassasier mille grands génies et si Van Gogh n'a pas pu combler son désir d'en irradier sa vie entière, c'est que la société lui a interdit"

                                                          éloge d'Antonin Artaud 

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 18:03

Chère Ana, je suis ravie que tu me demandes ce que je pense de ce tableau "les Ménines" de Diego Valasquez. Tableau très célèbre, et trés interprété!!, il est normal que tu te poses un tas de questions sur cette oeuvre magistrale, datant de 1656, aujourd'hui au musée du Prado à Madrid.En tant qu'historienne qui se respecte je ne donnerai pas en ce qui me concerne une interprétation définitive de ce tableau par contre, je pense vraiment qu'il se dégage de cette oeuvre fascinante à plus d'un titre, la reflexion d'un artiste, du siècle d'or espagnol, hors norme  sur l'idée de " la représentation".    

Il montre ici l'ambiguité de la réalité extérieure et de la réalité picturale, la coéxistence de deux mondes: celui de l'Art et celui de la vie

C'est un exercice étonnant, comme un troublant labyrinthe  où le spectateur est renvoyé d'une figure à une autre. C'est un tableau miroir, un tableau piège, avec un jeu de reflets , une inversion des rôles des regardés et du regardant. Alors quelle est la place du peintre, du roi, de la reine?Avant tout, nous avons devant nos yeux " les demoiselles d'honneur de la petite infante Marguerite dans l'atelier du peintre" naines bien célèbres: les Ménines. 

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Que veut-il nous montrer? ,Velasquez s'est représenté en train de peindre une toile, dont seul, le revers est visible  Un miroir situé sur le mur du fond capte l'image du roi PhilippeIV  et de la reine Mariana absents de l'espace cadré par le peintre. Alors se pose cette question, ce miroir montre-t-il le hors champ de la scène peinte, c'est à dire l'endroit situé en avant du tableau où se cachent les monarques?peut-être mais.....     

Ni Velasquez , ni les souverains ne sont le centre autour duquel s'organise le spectacle. Celui-ci est imaginé à partir d'un point de vue extérieur:celuidu spectateur qui invite à occuper la place qu'occupaient les modèles. Dans son regard, la représentation, des dignitaires les plus prestigieux ne saurait exister et c'est au profit de la souveraineté de la peinture que le peintre sacrifie celles des  monarques

en célébrant par la représentation de la grande toile retournée des cadres, des peintures, et du miroir," l'art d'une illusion capable de rendre présent un  sujet absent", c'est  une prouesse technique et c'est très fort sans parler de sa facture somptueuse : le rendu des chairs et de la soie, de la lumière subtile sur la robe de l'infante, traduite par des tâches de blanc de jaune sur fond vert.

Velasquez résume dans ce tableau tout son art et sa science, c'est aussi l'expression d'une certaine liberté d'un artiste dont le destin semble trop lié à la cour du roi et qui ici s'échappe le temps d'une oeuvre de façon brillante.  

 

 

 

 

 

 

 

 

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 13:52

wp4697300cC'est avec un grand plaisir que je réactive mon blog "fan d'art" pour vous annoncer une bonne nouvelle, en effet, encore une fois , on me demande de faire une conférence en histoire de l'Art pour le début d'année, sur qui? sur Van Gogh. Bien-sûr ce n'est pas aussi original qu'Hopper, par exemple mais actuellement c'est un peu trop mode! non?, moi j'aime bien prendre mes distances, je vais attendre un peu pour Hopper pourquoi pas plus tard.Sa vacuité m'interpelle à plus d'un titre.

Enfin,dans l'immédiat, Van Gogh me va très bien si je peux dire, j'avoue que  j'aime le retrouver, ses lettres, son amour de la couleur. de la vie..Cet homme de l'ombre si talentueux et pourtant tellement incompris dans ses efforts , son optimisme emprunt de mélancolie me touche beaucoup!. Je trouve qu'il apporte tant aux hommes et encore maintenant, et d'ailleurs sa peinture fait tout cela naturellement, elle nous est familière, car elle illumine le monde de couleurs gaies, monstrueusement gaies et c'est ce qu'il voulait transmettre. En ce moment cela peut être utile! 

Régulièrement, je suis prête à partager avec d'autres les richesses de cette oeuvre artistique, aussi bien picturale, que graphique ou épistolaire, là il s'agit de parler d'une révélation: la découverte des estampes japonaises, en particulier celles d'Hiroshige', artiste du 19ème siècle, moins connu en Europe qu'Hokusâi, mais plus populaire dans son pays, le Japon.  Nous verrons:

 comment elles ont révélé un artiste à lui-même et aux autres?.Son amour infini pour le dessin est une des premières causes de son attirance pour les estampes mais  son temperament inquiet, angoissé, hypersensible  trouve dans cette forme artistique un certain apaisement, un certain équilibre car enfin, il faut le reconnaitre il ya là  dans le dessin japonais beaucoup de clarté, de limpidité qui peut conduire à la méditation, et Vincent en a besoin, quant à la lumière, celle qu'il recherche, il va la trouver en vrai, dans le midi, en Provence, là où le soleil est "vif comme du soufre"

Il se trouve qu'actuellement et jusqu'au mois de mars 2013 ont lieu à la Pinacothèque de Paris deux expositions  mises en parallèle, une de l'artiste hollandais et l'autre d'un artiste japonais Hiroshige afin de comprendre l'impact des estampes sur la peinture occidentale du 19ème siècle et en particulier les impressionnistes.

Voici quelques tableaux faits pendant sa péroide provençale où il se croit au Japon: les vergers en fleurs, les oliviers, il va vivre 27 mois en Provence de février 1888 à mai 1890. Dans ce paysage entourant Arles il découvre de nombreux élements évoquant le japon, un pays qu'il ne connait que par la littérature et l'art puisqu'il les a découvertes au hasard des galeries à Anvers;    

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Ce regard si fulgurant, si précis si profond est celui d'un artiste hypersensible qui perçoit comme personne la quintessence des êtres et des choses qui l'entourent avec une acuité intense . Mais Vincent est bien plus qu'un peintre, c'est un homme qui réfléchit, qui écrit, et décrit tout ce qu'il voit, ce qu'il ressent et ce qu'il pense.          

Dans ses quelques 800 lettres , il raconte ses difficultés materielles, ses soucis de santé, ses peines mais aussi ses joies de créateur et c'est absolument magnifique, il invente un vocabulaire de la couleur quand il arrive à rendre dans ses tableaux ce qu'il veut obtenir.. Il écrit plus de 117 lettres pendant cette péroide provençale qui nous interesse  et plus de 600, rien qu'à son frère Théo. Quand il arrive en février 1888,il se croit au Japon. Il décrit à son ami Emile Bernard, une description de la région" Je veux commencer par te dire  que le pays est aussi beau que le japon pour la limpidité de l'atmosphère et les effets de couleur gaies. Les eaux font des taches  d'un bel émeraude et d'un riche bleu dans les paysages ainsi que nous les voyons dans les crépons".

remarquez dans le champ d'oliviers, là une seule vague d'intense émotion traverse la toile entière communiquant la même ondulation irrégulière à la terre aux arbres et au ciel, c'est absolument magnifique,une note de rêverie imprègne cette agitation et c'est le bleu qui fait le reste, unique en son genre, divin, ce gris bleu subtil dans lequel toutes les couleurs du tableau sont résumées.Seul Van Gogh atteint ici des sommets dans son expression.

La suite au prochain article!!!   

 

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 20:56

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_DSC0060.JPGDSC0062_DSC0065.JPGUne après-midi, j'ai emmené mes stagiaires tourisme (Mélissa, Emilie, Patricia et Cristobal, sont les plus assidus) visiter quelques monuments importants de notre région, après l'Art Roman avec l'abbaye de St Guilhem le Desert où nous étions peu nombreux mais où nous avions rencontré une jeune Carmélite de la Communauté actuelle , nous sommes allés visiter aussi, l'église St Dominique à Clermont-hérault, sur le site du Lycée Général actuel, appelée plus communément par les clermontais, et surtout par ignorance, la chapelle des pénitents, à cause d'une confrérie qui tint un petit moment ses assises au lendemain des convulsions révolutionnaires en 1808. Historiquement, il est plus exact de dire l'église des Dominicains, ceux-ci sont en effet à l'origine de l'édifice, ils la construisirent au xivème siécle, en fondant ici un couvent de leur ordre où ils devaient se maintenir pendant plus de 500 ans. Ces Dominicains se sont faits connaitre par l'Inquisition, ils étaient en effet chargés de ramener les Cathares vers l'orthodoxie chrétienne et ont été ainsi nommés" les Fréres Prêcheurs". Ils organisaient des réunions contradictoires houleuses où ils refutaient la thèse des" Parfaits".

Cette église de l'ancien monastère a été dégagée recemment sur son côté Nord, laissant apparaitre un appareillage assez grossier et des contreforts puissants. Les restaurateurs ont eu la très bonne idée de construire des contreforts neufs presque design pour soutenir les maisons sur la même rue montrant ainsi l'environnement gothique important du secteur, les mettant en valeur. Ces élements: contreforts ou arcs boutants sont essentiels dans cet art, de manier l'espace, comme la voûte sur croisée d'ogives.          

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Ce qui frappe quand on entre dans cette église c'est l'ampleur du vaisseau, l'harmonie des proportions, l'élégance   on en éprouve une forte impression d'art où se mêlent de façon contradictoire, l'oubli du monde une certaine intériorité entre des murs bien fermés et un romantisme gothique." Une pareille vôute, comme l'écrit le poète Goethe dans ses écrits sur l'esthétique " qui jette l'âme dans le recueillement, cette mystérieuse horreur des bois qui porte à la méditation, la cathédrale les reproduit par ses sombres murailles et au dessous, par la forêt de piliers et de colonnettes qui se déplioent librement et se rejoignent au sommet".

Un mot sur le gothique tel qu'il faut l'entendre.

Ce mot qui servit à baptiser le style de toute une ère fut forgé en un temps qui s'attribuait le mérite d'avoir surmonté le Moyen-Age. La Renaissance a divisé en trois grandes périodes, l'évolution culturelle de L'Occident: L'Antiquité qui fixa les canons de tout l'art ultérieur; la "barbarie" du Moyen-Age qui perdit ses modèles et les temps modernes qui s"efforcent de les retrouver et de les observer.

Georgio Vasari un grand architecte de la Renaissance a imaginé la définition de l'art gothique qui devait perdurer jusqu'au 18ème siècle." De toutes les peuplades barbares qui d'au-delà des Alpes lors des grandes migrations, firent irruption dans la civilisation de l'Antiquité ce sont visiblement les Goths qui lui apparaissent comme les pires corrupteurs du goût"; 

Il semblerait en somme que le goût gothique, selon les renaissants  soit né d'un manque de reflexion sur ce qu'il convient de faire!.....Le premier à avoir émis un avis favorable sur le gothique est Goethe après avoir vu la cathédrale de Strasbourg, il écrit" lorsque je me dirigeai pour la première fois vers la cathédrale, j'avais le cerveau farci de notions sur le bon goût..Et en marchant je frémissais d'avance à l'idée de voir un monstre difforme, hérissé. Mon âme fut en fait pénétrée d'une très forte impression que je pouvais certes savourer mais nullement définir ni expliquer parce qu'elle émanait de mille détails qui s"harmonisaient.. Combien de fois y suis-je retourné, de tous endroits, de toutes distances...

Le romantisme ouvrit la voie à une plus juste compréhension du Moyen-Age, dans son essence propre et non plus en le comparant aux monuments de l'antiquité . On redécouvrit cette époque, des noms sont attachés à cette réhabilitation comme Viollet-le Duc ou des poètes écrivains comme Chateaubriand ou Hugo et d'autres..;   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 17:08

Voici un très beau site mondialement connu, et à l'occasion de ce stage tourisme-Patrimoine que j'anime avec toujours autant de ferveur, j'ai développé une petite initiation à l'Art du Moyen-Age, nécéssaire à la compréhension de cet art roman du languedoc, berceau des plus grandes abbayes bénédictines, dont celle-là que vous connaissez tous :Saint Guilhem-le-desert, mais aussi Saint Martin de Londres et Saint Benoît d'Aniane? cela vous dit aussi quelque chose?, j'en suis sûre!

Pour comprendre le Moyen-Age languedocien, il faut le re-situer dans un ensemble plus large, celui de l'Europe Occidentale. C'est vaste me direz-vous, mais le Languedoc comme d'autres régions de France, peut-être plus que d'autres, a participé activement à l'expression d'une culture artistique propre, pendant la première moitié du 12ème siècle que nous appellons: Art roman ,et concrètement, architecturalement ( L'architecture étant l'art majeur au moyen-Age) le résultat en est l'Eglise, de plan basilical, du 12ème siècle, en croix latine, telle qu'on peut la voir dans beaucoup de belles régions de France avec des variantes locales. Au cours de cette étude avec mes petits stagiaires, sur les origines, et l'enfance de nos églises, on voit se constituer, ceci à partir du 4ème siècle,c'est à dire à  la reconnaissance du Christianisme par l'empereur romain d'Occident et d'Orient: Constantin ( édit de Milan, 313), les différents élements de ce plan ( nef, chevet, déambulatoire, transept, etc..) et la signification qu'ils prennent au cours de ces 9 siècles du Moyen-age, le 12ème siècle étant, je le rappelle, le siècle du bel art roman.

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220px-Dehio 17 San Paolo fuori le mura Voilà le plan des premières églises basilicales(St Paul), un rectangle tout simple, avec à l'Est une petite abside semi-circulaire, sur le modèle des basiliques civiles de Rome destinées à rendre la justice, l'empereur a pris tout simplement cet édifice qui existait tout près de lui et en a fait un lieu de culte.Elles étaient immenses et couvertes d'une charpente et à l'intérieur ornées de caissons peints ou recouverts de mosaïques.

Constantin favorise en rendant ce culte obligatoire, la création d'un art chrétien qui va se répandre comme un catéchisme dans toute l'Europe.

Pour se définir une culture propre artistique ,l'Europe y compris le Languedoc devra se dégager petit à petit des influences méditérranéennes, orientales et barbares, pendant ces 9 siècles, mais c'est son héritage.Celui-ci se divise en plusieurs parties:

                                     - l'art chrétien primitif d'orient qui n'est autre que l'art byzantin où le monachisme se développe dans un domaine d'influence qui  est l'Egypte, la Syrie, l'Arménie(  4,5èmes siècles)

                                      -L'Art chrétien primitif d'occident,4,5,6èmes siècles dont le domaine d'influence est l'Italie, la Lombardie, Ravenne et Rome. Le Languedoc est directement concerné car les maçons célèbres lombards,  vont oeuvrer sur ses terres apportant des techniques de maçonnerie et un art décoratif très particulier qui va se répandre sur tous les édifices religieux, les fameuses bandes lombardes ou lézènes ainsi que les dents d'engrenages que l'on peut voir à st Guilhem- le- désert , à saint Martin de londres, mais aussi à Aime en Savoie ou Marmoutiers dans le Rhin.-

                                     -en Gaule, du 4ème au 7ème siècle commence les grandes migrations et invasions barbares, c'est la france barbare, qui laisse des traces au niveau des arts du relief

Toujours en Gaule, au 9ème siècle, commence pour l'histoire de l'art une époque essentielle, la renaissance carolingienne, dont le domaine d'influence est plutôt, entre la Seine, le Rhin, le Nord et Nord Est mais dont les influences se font ressentir dans notre languedoc puisque de grands personnages de la cour de Charlemagne viennent s'installer en fin de vie, Guillaume d'orange ou St Guilhem et le wisigoth Witiza qui va rénover l'ordre de St Benoit de Nurcie du 4ème.Les premiéres abbayes bénéditines sont construites ici. L époque carolingienne est une période de reflexion, chaque partie est l'image d'un texte liturgique, le chevet prend forme et la symbolique détermine le plan, ce sont les futures églises de pélérinage vers saint Jacques de Compostelle.

Dés le 10ème siécle et surtout le 11ème, l'autre expérience qui nous concerne ici et qui est plus qu'important, c'est la couvertutre en pierre des églises pour faire oeuvre durable, c'est l'art pré-roman

280px-Saint-Martin-de-Londres egliseLes élements constitutifs du plan prennent forme avec pour la première fois, un déambulatoire autour du choeur comme àu saint Sépulcre à Jérusalem et à  saint Pierre de Rome, pour vénérer les reliques du Saint, une salle transversale ou transept ,crée dans chaque église donnant à  celle-ci une forme de croix latine très symbolique                                        

 

 

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Bandes Lombardes et dents d'engrenage    

Cet art lombard (technique de maçonnerie déjà connu à l'époque paléochrétienne), se forme à l'écart du monde carolingien sans l'ignorer et face à la pénétration musulmane au sud .

Il envahit le languedoc, la Savoie,  la Bourgogne, la Suisse et le Rhin auquel s'ajoutent en Catalogne et Asturies, les influences arabes dans le décor et l'architecture, on arrive donc au 11ème en Gaule ou Francie Occidentale et l'on voit deux traditions esthétiques cohabitées: post carolingienne au Nord, lombarde au sud, toutes deux empreintes d'influences orientales et byzantines, ce qui donne un aspect particulier aux recherches réalisées sur son territoire qu'on appellera Art Roman, expression d'une culture, l'église et son action unifiera les deux traditions, l'art roman s'épanouira au 12ème siècle, et ce sera donc son apogée.

C'est alors que la France se couvre d'un manteau d'églises romanes de plan basilical, mais sachez que dans le languedoc , celles-ci sont à nef unique, c'est leur particularité,  en voilà une très belle au prieuré de saint Michel de grandmont, du 12ème siècle, à l'acoustique unique en son genre! A côté, ce qui reste de l'abbaye de Saint Benoit d'Aniane!   

446942-547972abbaye-d-aniane-1295002945-461.jpegImage79.gifSaint Riquier, le monastère Carolingien disparu dans un incendie, du 9ème soiècleP1010008--1-.jpg 

L'église de Marmoutiers dans le Rhin où vous pouvez voir aussi des bandes lombardes    

 

Voici la basilique Saint Pierre virtuelle édifiée par Constantinimages (17) , 

en 325 ap J.C    

Voilà ce que je leur raconte à mes stagiaires!!!    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 17:05

En ce moment, je réalise un diaporama sur l'histoire de la peinture occidentale, pour donner un aperçu à des élèves stagiaires en formation tourisme -patrimoine, que je vais bientôt rencontrer, de l'évolution des formes des techniques et des idées au cours des siècles.Dans cette formation, nous abordons tous les aspects du Patrimoine, aussi bien naturel qu'historique et artistique afin d'envisager leur valorisation dans divers projets de développement du tourisme.

La création et l'implantation de musées  dans la région languedoc-Roussillon ont suivi pour la plupart, celles qui se sont faites dans le pays  dans le début ou le courant du 19ème siècle. Ils participent pleinement à l'animation de la Région et constituent un atout économique pour son tourisme à.Montpellier, Sète, Lodève, Céret, Beziers entre autres...;

De tout temps, cette région a été choisie par les peintres pour la lumière et la découverte de la couleur, n'oublions pas qu'à Collioure est né le Fauvisme. Bien connaitre son patrimoine et avoir quelques connaissances permet  de le protéger, de bien le partager et surtout de le valoriser.Ce Ne sont ici que quelques unes des reproductions de tableaux utilisées dans le diaporama.

Ci-dessous:- Les fresques de St Savin dans la Vienne ( 12ème siècle)

                - Le Christ en raccourci, Mantegna ( 1ère renaissance)

                - La Flagellation du Christ, Le Caravage ( Baroque)

Saint Savin - Peinture de la voute - La tour de Babel

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A Propos de peinture, mon étude part du Moyen-Age jusqu'au19ème siècle, en ayant toujours en tête, certaines questions permanentes:- le statut de l'artiste,- le mecenat,- comment représente-on la réalité visible ou non  et avec quelles techniques? et enfin,- la question centrale de la modernité, qui fait évoluer la peinture et qui devient encore plus importante après le 19ème siècle où les mouvements s'accélèrent  conduisant fatalement à l'abstraction. Le 19ème est traité comme une période charnière où les grands changements s'opèrent.

Ci-dessous: le verre en argent, Chardin ( 18ème siècle)

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La  Rencontre entre Alfred Bruyas, le mécène et le peintre Gustave Courbet ( Fin du 19 ème siècle), Musée Fabre à Montpellier.

Courbet Rencontre

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Alfred sisley, la neige à Louveciennes ( péroide impressionniste)

 

Eugène Delacroix,, La mer vue des hauteurs de Dieppe, ( le pré-impressionnisme, 19ème siècle) 

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Edouard Manet, Olympia ( La Modernité par excellence , 19ème siècle)

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Eugène Delacroix, les Femmes d'Alger, l'orientalisme du 19ème siècle, Musée Fabre à Montpellier    

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      Théodore Géricault, le Radeau de la Méduse, Chef-d'oeuvre majeur qui va ébranler le monde pictural de l'époque ,19ème siècle, traitant d'un sujet contemporain sur un mode épique un fait divers, un naufrage, on est là en pleine modernité, une nouvelle façon d'envisager la peinture vient de naître et le statut de l'artiste vient aussi de changer. On peut comprendre qu'à partir de là les choses vont s'accélerer!

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:07

Un peu de couleur avant la fin de l'année, voici ce fameux tableau de 1905, d'Henri Matisse qui m'a donné envie de faire une conférence sur ce peintre. Je vous ai dit que j'en préparais une, pour 2012, bien-sûr, ça se prépare et ça se réfléchit, j'avais déjà quelques idées dans la tête à son propos mais ce qui me plait surtout chez ce peintre et qui transparait dans son oeuvre c'est cette grande irresponsabilité dans son audace mais aussi une grande conscience des lois qui gouvernent un tableau, cela donne un résultat très agréable, dans lequel on se sent bien , une désobeissance annoncée en pervertissant un élément soit la couleur soit la composition, avec son côté horloger mais une horloge aux rouages subtilement édentés, une dérive légère et fine. Toutes ses dualités sont en équilibre, en plus un équilibre à mener jusqu'au bout! 

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L'exposé sera intitulé

" Matisse et le Paradis" .Pourquoi?

Considéré avec Picasso comme l'un des plus illustres peintres du 20ème siècle, mais alors que Picasso venait de terminer en 1905 les fameuses " Demoiselles d'Avignon" Matisse écrivait au même moment: " Ce que je rêve, c'est" un art d'équlibre, de pureté, de tranquilité". Cette triple recherche sera celle de toute sa vie et elle apparait dans ce tableau clef, de 1906, aujourd'hui en Pennsylvanie près de Philadelphie parce que la fondation Barnes à laquelle il appartient ne laisse jamais voyager ses oeuvres d'art ou très rarement( une fois à Paris en 1993).      

Dans ce tableau , la plupart de ses grandes oeuvres sont en gestation, immensémment fort en émotion, à cause de ses dimensions exceptionnelles: 4m50 de haut sur 6 m de long. sa palette s'est enflammée ici au contact du fauve Derain, il amorce là un dialogue avec la sculpture qu'il aime autant que la peinture.   On y voit un groupe de danseurs qui tournoient à l'infini dans un parc orné de statues. Il fait penser à la fois à Picasso et  Cézanne, à sa façon d'organiser ses motifs, ses nus disséminés, ses arbres dans des découpes en forme d'arabesques. Il veut et recherche le calme, l'extase première, originelle, ce désir d'éviter ce qui est désagréablement expressif tout en créant de la beauté et en accomplissant une mission presque impossible: satisfaire toujours deux tendances: lui et l'autre, l'intérieur et l'extérieur, l'Orient et l'Occident, le dessin et la peinture etc...

L'utopie de la joie de vivre, ressemble ici à un joyeux pique-nique en couleur où Matisse annonce qu'il veut mettre de l'ordre dans ses couleurs et dans ses idées, un ordre bien à lui qu'il ménera jusqu'à la fin de son oeuvre en lui donnant une unité

très proche du sacré! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 11:09

     TVP-0410 (1) Antoine Calbet, peintre, dessinateur et illustrateur 

Je ne pouvais pas ne pas parler de cet artiste, auteur de cette affiche très amusante sur les boues de Barbotan-les thermes dans le Gers, pays du foie gras et de l'Armagnac, où je suis depuis quelques jours. Il s'agit d'une affiche publicitaire sur les chemins de fer du midi, très à la mode au 19ème siècle, qui vont permettre de découvrir les paysages de la France et developper la peinture de paysage

. J'ai une affection toute particulière pour les affiches de cette époque, les images de publicité auxquelles j'étais très sensible quand j'étais enfant, les bons peintres ont aimé s'emparer de cet art très populaire, lancé par des grands coloristes comme Bonnard ou encore avant Toulouse-Lautrec. Antoine Calbet était l'élève de Cabanel le fameux peintre" pompier": style un peu leché, mièvre et lyrique très ostentatoire et très académique, dont vous pouvez voir des oeuvres au musée Fabre à Montpellier, d'ailleurs Calbet s'est formé  dans cette ville  et son talent a été très vite reconnu surtout comme illustrateur. 

je suis en cure pour le dos, comme beaucoup de gens ici à Barbotan et cela peut être joyeux comme sur la photo, car les fameuses boues font je vous l'assure de l'effet et plus que les médicaments. On peut effectivement repartir de là avec plus de mobilité et de souplesse.

La cure, cura vient du latin archaique" curae", apporter tout son soin à quelque chose, en avoir cure, à l'époque romaine de Cicéron 106-43 avJ.C on parlait des affaires, sine cura signifie aussi pas de souci, le souci au 11ème est plutôt amoureux

.Au Moyen-age" n'en avoir cure" a le sens de ne pas se soucier de, c'est aussi parce que son contraire" avoir cure" ( c'est à dire obtenir le bénéfice d'une cure), gage de prospérité, le bas clergé qui ne pouvait prétendre à un diocèse, s'en souciait énormément.

Ce n'est qu'au 19ème siècle que ce terme signifie l'usage abondant de quelque chose, ici en l'occurrence de soins spécifiques, bains , massages, boues etc... mais cela peut être aussi faire une cure de chocolat ce qui est aussi très agréable!! mais plus dangereux si cela dure plus de 18 jours temps obligatoire pour une cure !Les affiches pour le chocolat sont pas mal non plus. Il y en a beaucoup de ce genre.

Affiche signée M. Jacob vers 1900 (reproduction)Affiche signée Firmin Bouisset 1893 - 40x29cm

 

          Ces deux vignettes pour le chocolat Menier: celle de droite est de Firmin Bouisset, 1893 et celle de gauche de Jacob, 1900.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 12:23
  • 1891,à la bibliothèque NationaleNumeriser0050.jpg.Le critique Claude -Roger Marx écrit de cette affiche: " la fascination qu'excerça France-Champagne..On peut dire que le renouveau de l'estampe en couleurs de peintres, annoncé déjà par Cheret, est parti de la mousse répandue par cette jeune buveuse ébouriffée";
Comme je le disais il n'y a pas si longtemps, cette boisson qu'est le champagne, à boire modéremment bien-sûr, est une de mes boissons de fête préférée et là par cette affiche je lui rends hommage. D'ailleurs elle est à l'origine du nom de mon blog trouvé un soir en partageant en famille le contenu d'une flûte de Champagne. Je fais une petite collection de cet objet , là sur l'affiche, c'est une coupe! dommage!
Nous avons dit que Toulouse-Lautrec fut tellement interessé par cette affiche qu'il décida d'en créer aussi, et cela va donner les résultats magnifiques que vous savez, vous voyez comme elle a son importance.
 En effet, l'Art de l'affiche commence à se développer dans les dernières années du 19ème siècle, mais à part quelques réalisations dues à Daumier et à Cheret, nous n'en étions qu'au balbutiement de ce nouvel art décoratif, destiné à la rue et à une nouvelle population urbaine.
Influencés par l'estampe japonaise et l'imagerie d'Epinal, les Nabis, peintres qui se veulent les regenérateurs de la peinture tentent de donner ses lettres de noblesse à cette expression graphique, en l'adaptant aux besoins de la publicité moderne: l'image doit être simple, lisible immédiatement et" accrocher l'oeil " en provoquant un choc visuel. Bonnard en donne une bonne application dans cette affiche " France-Champagne":il crée, de quelques lignes courbes, une petite dame "pétillante" sur une tonalité jaune soleil, comme la mousse du champagne dont elle semble sortir. Le peintre Pierre Bonnard a su trouver l'équivalent plastique du produit dont il est chargé de faire de la publicité; il a su suggérer l'éclat et la vivacité de cette boisson  qui coûte assez cher,trop rare pour certains mais qui peut avoir des vertus et qui délie la parole par la détente qu'elle apporte, n'oublions pas que c'est un alcool, donc attention à ne pas en abuser!!!.
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