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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 13:57

Je reprends la suite de mon étude sur le thème des fleurs, arrêtée momentanément au début de cette année. Cette période de confinement que nous vivons actuellement aura je l'espère des côtés positifs comme celui de nous mettre en retrait, réfléchir, écrire, et imaginer. Moi, ça me va...

Le printemps  s'installe petit à petit autour de nous, la nature revit tout doucement: les fleurs, les papillons, l'herbe courte mais vert tendre, la lumière encore un peu trop blanche, des parfums légers qui montent de la terre.

Imaginons-la puisque nous ne pouvons pas aller follement nous y perdre.

Et parlons des Fleurs, tant aimées...

Dans ce thème tellement traité  en peinture , je mettais en parallèle deux peintres exceptionnels: Vincent Van Gogh et Edouard Manet.

L'un venait de la terre hollandaise, était fou de nature, la portait en lui et adorait surtout le jaune, l'autre venait de la ville, la nature ne lui parlait pas vraiment mais il adorait les fleurs, le blanc surtout et le noir espagnol, celui de Velasquez.

Aujourd'hui on va justement évoquer la copie des grands maîtres. et surtout Manet.

Théodore Duret, critique d'art de l'époque du 19ème siècle écrit  " l'artiste supérieur est celui qui sait comment être influencé". Il pensait certes à Van Gogh en référence à ceux qu'il copia, J.F  Millet par exemple mais surtout à Manet car celui-ci se nourrissait  constamment  des grands maîtres italiens, espagnols du XVIème, du XVIIème siècles en allant dans les musées, crées après la Révolution. Comment le blâmer  nous nous allons aujourd'hui sur Internet ou dans les livres quand les musées ne sont pas assez près?

Quelques années plus tard, si Picasso voyait dans la copie, le point de départ de toute nouveauté, souvenez-vous des" Femmes d'Alger" en référence à Delacroix ou" Les Ménines" de Velasquez et également " le bain turc"d' Ingres qu'il revisite de façon géniale, il approchait en Histoire de L'Art la question de l'invention en peinture.

Eh! bien Manet, lui, sans  se poser cette question la  résolvait comme allant de soi. Il choque le public avec ses premiers tableaux, tant pis ça fait partie  du jeu, il admire tant ses maîtres après tout ça fait partie du Patrimoine, il faut y puiser et sans état d'âme, je suis bien d'accord et je suis son exemple. Il est guidé par sa passion  et sa voie d'accès à sa passion est la peinture. Ses premières toiles ne choquent plus maintenant et ses dernières non plus ses fleurs sont résolument modernes et le resteront.

"Il faut avoir quelque chose à dire, on n'est pas peintre si l'on n'aime pas la peinture  plus que tout, il faut encore et toujours être ému" écrit-il avant sa mort. Manet est un peintre à sensations, il a cette force d'arracher nos sens car lui-même est touché par tout ce qui se passe, ce qui l'entoure et sait le communiquer:

L'avennement   des musées, le remodelage urbain de Paris, la réalisation photographique, toutes les découvertes, expériences politiques, littéraires et culturelles, les expositions universelles, les chemins de fer, sans oublier l'arrivée en France de Chine, tiens donc, d'une nouvelle venue, l'époustouflante Pivoine dont il tombe amoureux et qu'il peindra plusieurs fois,et nous l'aimons aussi cette fleur malgré tout assez rare.

C'est un homme curieux de son temps, guidé seulement comme dira le grand Matisse par" la sûreté de son instinct" qui lui dicte sans jamais en démordre que pour le peintre être peintre selon ses propres mots" c'est être soi-même et non un autre".

Manet agit par reflexes rapidement donc simplifie la peinture, chasse le repentir à se poser ces questions :que peindre et comment?

Ainsi dans ses dernières fleurs peu connues aujourd'hui: "Oeillets et Clématites"ou" lilas et roses" , 1883/1884, Musée d'Orsay sans qu'il analyse ou décompose la lumière, il la fait jaillir du premier jet de la peinture elle-même, du dedans. A cet égard, un bouquet de Manet différera d'un bouquet des Impressionnistes comme Monet ou Renoir ou encore Fantin-Latour souvent apprêtés. Par l'intériorisation  de la nature il retrouve le geste de la Création  et c'est fabuleux.

Il montre, le démembrement, la dissonance des composantes de l'univers comme savait le faire dans la musique et chanson notre regretté Alain Bashung. Parce que dans cette modernité qui baignait le siècle de Manet comme celui de maintenant, il y a des ruptures avec les conventions et le passé, il en est imprégné, il les aime et les véhicule car il sent les changements .Ce que j'adore chez Manet c'est cette façon qu'il a en peinture de suggérer les mésalliances et les fractures entre les parties d'un tout et en cela il avertit des dislocations majeures  à venir l'Abstraction entre autre .Il est celui et ô combien cela se voit dans ses fleurs qui disqualifie l'Art guindé de l'illustration à la mode en ce temps là, ses fleurs sont loin des fleurs de Redouté, très belles cependant, les siennes sont vivantes et vraies….

A bientôt sûrement

L'un venait de la terre hollandaise, fou de nature, l'autre venait de la ville.Van Gogh et Manet adoraient les Fleurs!
L'un venait de la terre hollandaise, fou de nature, l'autre venait de la ville.Van Gogh et Manet adoraient les Fleurs!
L'un venait de la terre hollandaise, fou de nature, l'autre venait de la ville.Van Gogh et Manet adoraient les Fleurs!

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