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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 10:34

Dernier billet sur Gustave Courbet, peintre et homme qui se définit ainsi

"J'ai étudié en dehors de tout système et sans parti pris, l'Art des Anciens et des Modernes, et puisé dans l'entière connaissance de la tradition, le sentiment raisonné et indépendant de ma propre individualité"

Je vous disais dans mon précédent billet  qu'au Salon de 1872, Courbet avait triomphé auprès du public et jury, avec deux tableaux en particulier" La Falaise d'Etretat" et"  la mer orageuse", il était donc enfin reconnu et aimé, ce qu'il avait toujours espéré..

Mais Courbet était aussi soucieux également de préserver sa réputation de peintre contestataire, il l'était d'une certaine façon, à sa façon, c'est ainsi que l'artiste refuse la croix de la légion d'honneur, ce qui lui vaut tout de suite la sympathie des milieux républicains..

Moins d'un mois après ce refus tonitruant, qui est celui n'en doutons pas d'un contestataire officiel. Courbet, on le sait ne détestait pas les honneurs, il les avait tellement demandés, espérés.On peut constater que ce républicain farouche accepte finalement une décoration i remise à Munich, par le roi Louis II de Bavière!!!Ce sont ses contradictions et on les comprend, la renommée fait perdre un peu la tête. Malheureusement.....

La guerre éclate hélas entre la France et la Prusse, Courbet est alors nommé président de La Fédération organisée par les artistes pour veiller à la préservation du patrimoine monumental menacé par les combats. Il s'acquitte avec beaucoup de soin de cette mission mais c'est cette fonction même qui va faire de lui le démolisseur de la colonne Vendôme et lui créer des ennuis terribles.

C'est en effet en tant que Président de la Fédération des artistes qu'il adresse le 14 septembre 1870 au gouvernement de la défense nationale, une pétition  au nom de tous "demandant le déboulonnage de la colonne de la Place Vendôme," monument dénué de valeur artistique écrit-il, tendant à perpétuer par son expression,les idées de guerre et de conquête qui étaient dans la dynastie impériale mais que réprouve le sentiment d'une nation républicaine".

Il ne sera pas écouté à ce moment là!! mais le 12 avril 1871, c'est un décret de la Commune qui prescrit la démolition de la Colonne impériale,.4 jours plus tard Courbet est élu membre de la Commune aux élections complémentaires du Vème arrondissement de Paris et il en est fier!.Le 16 mai 1871 la Colonne est abattue sous les acclamations de la foule.

Courbet ne fait qu'assister à cet évennement  mais déclare à se amis ceci" Elle m'écrasera en tombant, vous verrez." les ennuis commencent....

quand la Commune est écrasée à la fin du mois de mai, Courbet est effectivement traduit devant le Conseil de guerre siégeant à Versailles et condamné à 6 mois de prison.Voici le Courbet à Ste Pélagie au Musée d'Ornans dans le Doubs, 1871/72 Cette prison se trouvait 14, rue du Puits de l'ermite à Paris il va donc y purger sa peine avant d'être transféré dans une maison de repos à Neuilly pour des raisons de santé.Il y réalise des portraits des natures mortes, des paysages.Libéré mais miné, meurtri, résigné, il s'en va à Ornans. Il apprend que le 30 mai l'Assemblée Conservatrice décide la reconstruction de la Colonne, et  songe de nouveau à l'arrêter toujours considéré comme le seul responsable du déboulonnage.Prévenu à temps il fuit en Suisse à la tour de Peiltz dans la maison du BonPort.

C'est fini, Courbet est un homme blessé, brisé au plus profond de son être qui ne méritait pas tant de haine, il continue de peindre  " le château de Chillon" en 1874, vieille forteresse au bord du Lac léman, des "pommes et grenades "dans une coupe à Londres aujourd'hui.Vous voyez déjà là que la ligne de contour précisant la forme est dérivée probablement de la nouvelle peinture de Manet qu'il a lui même influencé et Cézanne à venir où la sensation semble construite et profonde.Courbet fera des émules, c'est un grand Maître de la peinture, malgré ses déboires.

Pour ce grand enfant qui voulait être toujours au devant de la scène, la fin de sa vie fut terrible, loin du centre des Arts, Paris.En Suisse il ne fait pas parler de lui, le voici condamné à l'oubli et en plus il est très malade, atteint d'hydropisie!!

En mai 1877, la justice le condamne à payer à l'Etat une somme énorme correspondant aux frais de reconstruction de la Colonne!Ses biens sont saisis et dispersés lors d'une vente judiciaire au cours de laquelle ses tableaux sont vendus pour une bouchée de pain.On lui fait cher payer pour des raisons essentiellement politiques.Ceux qui l'ont vu à cette époque en Suisse,  témoignent de l'immense mélancolie qu'il y avait dans ses yeux, de la songerie qui semblait l'occuper tout entier.

Son idéal, eh! bien, il en meurt à 58 ans, quoiqu'il ait pu en dire, ce fut celui des hommes de 1848, car il avait comme eux le goût infini de la République et de la liberté mais en plus lui, était fou de peinture,....

Artiste jusqu'au bout des ongles et quelque part plus vulnérable que ceux qu'il accompagnait, c'est donc lui qu'on a voulu cibler plus que les autres,et  ce fut réussi puisqu'il en fut totalement meurtri!!

Le 31 décembre 1877 assisté de son père âgé de 85 ans, accouru d'Ornans Courbet meurt et sa mort passe inaperçue.

Il faudra attendre juin 1879 pour que sa dépouille soit rapatriée à Ornans

.Cependant ,Le 6 janvier 1878, moins d'une semaine après sa mort, une très belle oraison funèbre est parue dans" Le Réveil" et était signée par Jean-la Rue, pseudonyme de Jules Vallès

Courbet :  Goût infini de la République et de la Peinture
Courbet :  Goût infini de la République et de la Peinture
Courbet :  Goût infini de la République et de la Peinture

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